13.5 C
Genève
samedi, avril 27, 2024

Pays africains et UNITAID, unis dans la lutte contre le paludisme

A l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le paludisme (25 avril), des pays africains et le Brésil ont organisé un événement pour mettre en avant la qualité du partenariat existant entre Unitaid et eux. La réunion de haut-niveau a aussi été l’occasion de sensibiliser la communauté internationale sur la nécessité de soutenir les régions affectées par la malaria, de lutter contre les résistances aux médicaments et de souligner le rôle crucial d’Unitaid dans l’accès équitable aux innovations pour combattre efficacement le paludisme.

C’est en présence du Directeur général de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, du Directeur Exécutif d’UNITAID, Philippe Duneton, de nombreux ambassadeurs, de représentants des principaux donnateurs et de la société civile, que s’est tenu, à Genève (Suisse), un déjeuner de travail de haut-niveau pour marquer la Journée Mondiale de lutte contre le paludisme et l’étendue de la collaboration entre UNITAID et les pays africains qui inclu également la mobilisation de ressources.

UNITAID, plateforme d’innovations

Depuis sa création en 2006, Unitaid joue un rôle crucial dans le développement d’outils innovants, tels le vaccin, des sprays et des moustiquaires résistants aux moustiques, pour lutter contre le paludisme. Les efforts de l’organisation ont contribué à réduire de 50 % le nombre de décès dus à la maladie depuis le début des années 2000. Parmi les réalisations récentes, nous pouvons citer la grossesse sans risque grâce à la chimioprévention au paludisme au Mozambique, la distribution de moustiquaires au Mali et la prévention chez les enfants grâce au Consortium de chimioprévention du paludisme saisonnier.

Conseil d’administration 

Présidé par l’ancienne ministre de la santé française, Marisol Touraine, le Conseil d’administration d’Unitaid est composé de 13 membres. C’est en sa qualité de vice-présidente de l’organe directeur que l’Ambassadrice du Brésil, Cecília Kiku Ishitani, a prononcé le discours d’ouverture de la rencontre. Durant son allocution elle a rappelé que son pays faisait partie du groupe des fondateurs (Brésil, Chili, France, Norvège et Royaume-Uni) et qu’à ce titre son engagement et sa volonté de soutenir « les actions de l’organisation et ses solutions innovantes » qui « sauvent des vies » est très forte. La diplomate brésilienne a complété son intervention en évoquant la conclusion d’accords de tarification « permettant d’accéder à des médicaments essentiels à des prix abordables » ainsi que « la rapidité de réaction d’Unitaid lors de la pandémie de Covid-19 qui lui a valu une reconnaissance internationale ».

Rôle des pays africains

Depuis plus de 15 ans, Unitaid travaille en étroite collaboration avec les pays africains pour identifier et mettre en œuvre des innovations sanitaires qui permettent de trouver des solutions en matière de VIH, de tuberculose et de paludisme. Pour sa stratégie 2023-2027, l’organisation internationale a choisi de se concentrer sur la lutte contre le paludisme. En sa qualité de chef de la délégation du groupe des pays africains au Conseil d’administration d’Unitaid, l’Ambassadeur Margarita Rosada Silva Izata, Représentante permanente de l’Angola, a déclaré qu’il était « impératif de repenser les stratégies de contrôle et d’élimination du paludisme ». Pour ce faire la diplomate a souligné la nécéssité d’adopter « des approches holistiques et systémiques incluant les communautés et les ménages pour stopper efficacement la transmission du paludisme et les décès dus à cette maladie ». La représentante du groupe de pays africains au sein du Conseil a rappelé qu’il fallait investir davantage dans la lutte contre le paludisme et dans les principaux programmes de recherche et de développement, y compris les technologies potentiellement transformatrices telles que les vaccins et la gènnétique. « l’expérience a montré qu’avec des investissements suffisants, un engagement politique fort et la bonne combinaison de stratégies, il est possible de réaliser des avancées majeures dans la lutte contre le paludisme.

Paludisme: état des lieux

Plus des deux tiers de tous les décès dus au paludisme surviennent, en Afrique, chez les jeunes enfants âgés de moins de cinq ans. Grâce à des projets pilotes cofinancés par Unitaid, le Fonds Mondial et l’Alliance des vaccins (GAVI), le premier vaccin (RTS,S) au monde contre cette maladie infectueuse est actuellement administré à des enfants africains (Ghana, Kenya, Malawi) dans le cadre d’un programme complet de soins préventifs. L’Organisation Mondiale de la Santé a recommandé en octobre 2021 l’utilisation renforcée du RTS,S chez les enfants vivant dans les régions où la transmission est modérée à forte. L’organisation onusienne en charge de la santé estime que, s’il était déployé à grande échelle, le vaccin pourrait sauver la vie de 40.000 à 80.000 enfants africains supplémentaires chaque année. Unitaid promeut aussi des outils de nouvelle génération pour lutter efficacement contre la résistance aux antipaludéens afin de ne pas perdre les progrès accomplis en matière de réduction des cas et des décès.

Déficits de financement

La pandémie du Covid-19 et la guerre en Ukraine ont eu des conséquences sur l’économie mondiale y compris sur les coûts de livraison des produits essentiels pour lutter contre le paludisme ont augmenté de manière significative. L’Ambassadeur Margarita Rosada Silva Izata, a attiré l’attention des participants sur l’existence d’importants déficits de financement du en partie au fait que le Fonds Mondial n’avait pas réussi à reconstituer ses réserves équivalentes à 18 milliards de dollars. La diplomate angolaise a exhorté les pays à collaborer pour combler les insuffisances notamment, en essayant de contrôler le marché en augmentant la production afin de réduire le coût de ces produits. Elle a aussi proposé l’exploration des possibilités de transfert de technologie et de fabrication locale dans les pays où le paludisme est endémique, tout en augmentant les investissements en Recherche & Développement et en harmonisant les réglementations sur le continent.