10.2 C
Genève
jeudi, mars 28, 2024

Commerce maritime mondial : Transformation du secteur en vue

Selon les nouvelles estimations de la Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement (CNUCED), le commerce maritime mondial accusera une baisse de 4,1 % cette année en raison des perturbations causées par la COVID-19. Des conséquences sont à noter sur les chaînes d’approvisionnement, les réseaux de transport maritime et les ports, entraînant une chute des volumes de fret et compromettant les perspectives de croissance. Mais, un taux de croissance positif est prévu en 2021 (+4,8). Les Etats sont vivement encouragés à anticiper les changements afin de s’adapter au monde nouveau qui émergera après la crise sanitaire.

La nouvelle étude publiée ce jour par la CNUCED constate que pour faire face aux perturbations liées à la pandémie, les acteurs du secteur maritime ont procédé à des ajustements dans leurs opérations, leurs finances, leurs protocoles sanitaires et sécuritaires ainsi que dans leurs méthodes et procédures de travail. Des réformes ont été engagées par plusieurs gouvernements pour maintenir la fluidité des échanges commerciaux tout en assurant la sécurité des personnes. Les taux de fret maritimes ont été maintenus à des niveaux stables en dépit d’une baisse de la demande.

Mondialisation

La COVID-19 a mis en évidence l’interdépendance entre les pays du monde, et a, par ailleurs, soulevé des questions existentielles au sujet de la mondialisation. En effet, la problématique liée au raccourcissement des chaînes d’approvisionnement, y compris les « délocalisations de proximité » sont désormais discutés tout comme la diversification des sites de productions et des fournisseurs. Le rapport souligne l’urgence d’investir dans la gestion des risques et dans la réponse aux situations d’urgence dans le secteur du transport et de la logistique. La directrice de la technologie et de la logistique de la CNUCED, Shamika N. Sirimanne, rappelle que « la pandémie ne doit pas faire passer au second plan les mesures de lutte contre le changement climatique dans le transport maritime ». Ainsi, la recherche vers des solutions vertes et durables doit être encouragée. Cette démarche permettra aussi de lutter contre les émissions de carbone issues du transport maritime et accélérera la transition énergétique vers des combustibles non fossiles.

Importance du numérique et de la numérisation

La pandémie a renforcé les arguments en faveur de la numérisation et l’automatisation qui nécessitent des investissements supplémentaires. L’acceptation de copies numériques au lieu d’originaux sur papier, le traitement avant l’arrivée, les paiements électroniques et l’automatisation des douanes contribuent tous à dynamiser le commerce international. Les niveaux de connectivité dans trois ports africains (Lagos, Durban, TangerMed), par exemple, ont bien résisté par rapport aux autres ports de la région, malgré les « blank sailings » (ou annulation d’escale ou de navire) ayant un impact négatif sur la fréquence de service. La pandémie a révélé un accroissement des risques en matière de cybersécurité, en lien avec la numérisation, et qui pourraient paralyser les chaînes d’approvisionnement et les services associés au commerce maritime mondial.

Impact sur l’Afrique

La COVID-19 a eu un impact négatif sur l’Afrique. Au deuxième trimestre 2020, la CNUCED a estimé la baisse des exportations du continent à -35% et celles de ses importations à – 25%. Malgré les quelques améliorations observées en juillet 2020, les chiffres indiquent toujours des baisses significatives estimées à -17% pour les importations et -21% pour les exportations. Les restrictions affectant le transport terrestre ont posé quelques problèmes affectant les passages transfrontaliers ce qui a entraîné des retards. D’après l’étude, le transport maritime en Afrique doit relever les défis dans les domaines de l’innovation et de la technologie, de la qualité des infrastructures, de la réglementation et gouvernance, des ressources humaines et compétences, et dans le domaine des affaires et de l’investissement.

Tendances pré-pandémie

Le rapport propose aussi un examen détaillé du commerce maritime mondial en 2019. Cette année, médiocre, a été ponctuée d’événements tels que les tensions entre la Chine et les États-Unis, les incertitudes autour du Brexit, les plaintes déposées par plusieurs pays contre les droits de douane indiens, le différend commercial entre le Japon et la Corée et les tendances générales au protectionnisme. Le rapport estime que les tarifs douaniers additionnels nés des tensions entre la Chine et les USA ont entrainé une réduction de 0,5% en volume du commerce maritime.