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vendredi, avril 19, 2024

Exposition au Musée International de la Réforme

REPRINT – Figures insolites du 18e

La Hollande calvinienne fut au 18ème siècle le laboratoire de la tolérance. On s’y réfugiait pour fuir la répression religieuse, notamment celle exercée en France par Louis XIV au moment de la Révocation de l’édit de Nantes. 40’000 Français émigrèrent ainsi aux Pays-Bas qui abritaient par ailleurs une très importante communauté israélite.
De 1723 à 1737, l’éditeur protestant Jean-Frédéric Bernard et le graveur janséniste
Bernard Picart publièrent dans ce pays d’imprimeurs un relevé sans précédent de toutes les
religions connues de l’époque. Persuadés que les rites étaient conçus par les prêtres pour
maintenir les croyants dans l’ignorance, Bernard et Picart inaugurèrent avec les sept volumes de leurs Cérémonies et coutumes religieuses de tous les peuples du Monde, contenant plus de 3’400 pages et 260 gravures, le premier comparatisme religieux de l’histoire soulignant les dérives superstitieuses à l’œuvre dans tous les systèmes de croyances. Trente ans avant Rousseau, ces précurseurs de génie anticipaient les Lumières et les conceptions du penseur genevois à propos de la religion naturelle.

Heureux propriétaire d’une édition de cette bibliothèque extraordinaire, le Musée
International de la Réforme présente aujourd’hui au public une sélection de ses
gravures insolites et lui offre d’en imprimer à la main comme souvenir des
reproductions, sur sa presse inspirée de Gutenberg.
REPRINT – Figures insolites du 18ème replace ainsi la fameuse « Mécanique du protestantisme » au cœur de l’action. Construite en 2017 pour célébrer le 500ème anniversaire de la Réforme, la presse de Gutenberg a servi à imprimer, avec le concours de 15’000 visiteurs, une Bible anniversaire de 800 pages dont l’exemplaire unique est également présenté en compagnie d’éléments rappelant quelques étapes artistiques, techniques et littéraire de cette expérience éditoriale unique.

« La plus grande partie des hommes ignorerait qu’il y a un Dieu, si le culte qu’on doit lui rendre n’était accompagné de quelques marques extérieures. Moins on a connu l’Être suprême, et plus ces marques ont été bizarres et extravagantes. »

Cette première phrase du premier texte ouvrant le premier volume du chef-d’œuvre de
Bernard et Picart est placée en un exergue de grande taille sur l’une des parois de l’exposition.
Elle dit bien la philosophie générale du programme éditorial des deux huguenots réfugiés en Hollande : l’Être suprême est mal servi par la prolifération des religions et des rites qui
fait écran à sa vérité. Le catalogue de l’éditeur et du graveur est ainsi un relevé de ces
nombreux paravents, mais conçu pour convaincre par l’argumentation plutôt que la dérision.
Tous les systèmes présentés dans les sept volumes dépeignent les religions avec respect,
quand bien même leur étrangeté éloigne le croyant de la vérité. On y voit décrits ou
dépeints des rites relatifs à la naissance, au mariage ou à la mort sur les cinq continents, les figures humaines s’y présentent avec sobriété et les contextes ne tombent pas dans l’exotisme racoleur alors que leur potentiel en la matière est immense.

Musée international de la Réforme (MIR)
4, rue du Cloître
1204 Genève
T. : +41 22 310 24 31
www.mir.ch
info@mir.ch

Ouverture : du mardi au dimanche de 10h à 17h. Ouvertures spéciales : le jeudi de l’Ascension, le lundi de Pentecôte, le 1er août (sauf lundis), le jeudi du Jeûne Genevois et le lundi du Jeûne Fédéral.