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jeudi, octobre 10, 2024

Vente de mai de Sotheby’s: Le Diamant Bleu d’Elisabeth Farnèse, reine d’Espagne

Le diamant Bleu d’Elisabeth Farnèse, un exceptionnel diamant historique, conservé plus de trois siècles au sein de la même famille, sera mis en vente pour la première fois de son histoire en mai.

Ce diamant bleu taille poire de 6,16 carats est offert à Elisabeth Farnèse, reine d’Espagne et descendante du pape Paul III, à l’occasion de son mariage en 1714 avec Philippe V, Roi d’Espagne et petit-fils de Louis XIV. L’Espagne se relève alors de 13 années d’une guerre de succession qui a vidé les caisses du pays. Pour célébrer leur nouvelle reine, les colonies du Nouveau Monde sont enjointes d’envoyer de somptueux présents. Il faudra un an pour rassembler ces trésors.
En août 1715, la Flotte de l’Or quitte Cuba. Douze vaisseaux transportent une fortune en lingots d’or et une cassette contenant d’énormes émeraudes. Un ouragan coule onze d’entre eux au large de la Floride. La flotte venue des Indes aura plus de chance et parviendra à Madrid. Elisabeth reçoit, entre autres, un diamant bleu de 6.16 carats que lui a offert le gouverneur des Philippines.
La couleur bleu a souvent été associée à la royauté et les diamants bleus étaient, aux XVIème et XVIIIème siècles, le cadeau royal par excellence. A l’instar des mythiques diamants Hope (Le Bleu de France ayant appartenu à Louis XIV) et Wittelsbach, le diamant Bleu Farnèse provient certainement des légendaires mines indiennes de Golconde, seule source de diamants connue jusqu’à la découverte de mines au Brésil dans les années 1720.

Pendant des trois siècles, le diamant, aussi bien porté par les hommes que les femmes de la famille, voyage à travers toute l’Europe, au gré des unions des descendants d’Elisabeth et de Philippe d’Espagne avec les plus grandes dynasties du continent.
Elisabeth Farnèse transmet le diamant à son fils préféré Philippe (1720-1765), duc de Parme et fondateur de la Maison de Bourbon-Parme. A sa mort, son fils, Ferdinand (1751-1802), hérite de la pierre qui, à l’heure où Napoléon envahit l’Italie, la donne à son tour à son fils Louis I (1773-1803), puis à son petit-fils, Charles II (1799-1883) qui deviendra le duc de Lucques suite au Congrès de Vienne en 1815.
C’est Charles II, connu pour sa vie de bohême et son goût pour les voyages, qui fait monter le diamant en épingle de cravate. Deux ans après avoir retrouvé le trône de Parme en 1847, il abdique au profit de son fils, Charles III (1823-1854), assassiné en 1854. C’est à Robert I (1848-1907), le petit fils de Charles II et dernier duc de Parme, régnant que revient alors le diamant.
Suite à l’unification italienne, Robert I trouve refuge en Autriche. Durant son exil, il fait sertir le diamant sur un diadème ayant appartenu à sa mère, Louise Marie Thérèse d’Artois (1819-1864), qui l’avait elle-même reçu en héritage de sa tante et mère adoptive, Marie-Thérèse de France (1778-1851) « Madame Royale », la fille de Louis XVI (1754-1793) et de Marie-Antoinette (1755-1793). Il semble que les diamants ornant ce bijou aient appartenu à la reine Marie-Antoinette.
À la mort de Robert I en 1907, son fils Elias of Bourbon, duc de Parme (1880-1959), hérite du diadème et du diamant bleu. Son épouse, Marie Anne de Habsbourg (1882-1940), Archiduchesse d’Autriche, rédigera un inventaire précis dans lequel elle décrit l’histoire fascinante de ces deux bijoux.

La mise en vente du diamant Bleu Farnèse intervient à un moment où l’appétence pour les bijoux de provenance royale et aristocratique n’a jamais été aussi forte. En 2007, vingt ans après la vente historique des bijoux de la duchesse de Windsor, Sotheby’s a organisé sa première vente entièrement dédiée à ce type de bijoux. Depuis lors, le marché n’a cessé de croître. Au cours des dix dernières années, Sotheby’s a vendu plus de 1’100 lots dans cette
catégorie pour près de 285 millions de dollars. Parmi les lots phares figurent le légendaire Beau Sancy, un diamant de 34,98 carats porté par Marie de Médicis lors de son couronnement aux côtés d’Henri IV en 1610, vendu 9 millions de francs (9,7 millions de dollars) en 2012, et la Tiare de Donnersmarck, composée de 11 émeraudes exceptionnelles pesant plus de 500 carats, adjugée 11,3 millions de francs (12,7 millions de dollars) en 2011.

Selon David Bennett, Président mondial du Département de Haute Joaillerie et Président de
Sotheby’s Suisse: « Il est difficile de mettre des mots sur l’émotion ressentie lorsque l’on tient entre ses mains un tel trésor, découvert il y a des centaines d’années dans les
mythiques mines de Golconde en Inde. Cette pierre est le témoin de plus de 300 ans d’histoire et sa couleur rappelle celle des plus beaux diamants bleus du Golconde comme le célèbre diamant Hope. »