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vendredi, avril 26, 2024

Réfugiés : l’ONU demande de ne pas les abandonner

L’ouverture de la 71ème session du Comité Exécutif du Haut-Commissariat pour les Réfugiés (HCR) a reflété l’inquiétude de l’agence spécialisée des Nations Unies face à l’augmentation du nombre de déplacés et à « l’externalisation de l’asile au-delà des frontières d’un pays ». Les conséquences économiques et financières du coronavirus qui affectent tous les pays, pourraient avoir un impact sur les Etats dont les contributions constituent l’épine dorsale de l’organisation.

Dans son discours prononcé lors de l’ouverture (5 octobre) du Comité Exécutif du Haut-Commissariat pour les Réfugiés (HCR), Filippo Grandi, Haut-Commissaire de l’agence, a fait le point sur la situation mondiale. Il a estimé que malgré de nombreux signaux inquiétants et des abus découlant de la pandémie du COVID-19, le maintien des budgets humanitaires sera, d’après lui, un moyen relativement peu coûteux de sauver des vies, de protéger des personnes vulnérables, de leurs permettre de vivre dignement et dans un environnement sécurisé.

Près de 80 millions de personnes déplacées

Malgré l’appel du Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, à un cessez-le-feu mondial, les conflits, la violence, la discrimination, les violations des droits de l’homme et les crises politiques se sont poursuivis, portant le nombre total de personnes déplacées de force à près de 80 millions, soit le double d’il y a 10 ans. Au cours de l’année écoulée, plus de 140.000 personnes déracinées au Yémen, où la menace de famine menace 24 millions de personnes. En Amérique centrale, 100.000 nicaraguayens ont cherché refuge à l’étranger, la plupart au Costa Rica. Le chef du HCR s’est dit préoccupé par « l’escalade des tensions et des actions militaires entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan ».

Situation choquante au Sahel

Le chef du HCR a déclaré que « peu de situations l’ont autant choqué » que celle du Sahel où il s’est rendu au début de l’année. Plus de 600.000 personnes ont été déplacées de force de leurs maisons. Ces dernières années de nombreuses écoles ont été fermées ou détruites (+3.600). Et, « le pire, des milliers de femmes ont été violées. » D’après Filippo Grandi, il faut redonner un sentiment d’urgence à la réponse au Sahel. »

Fermeture des frontières

Filippo Grandi a exhorté les États à garantir que les restrictions de déplacements dues au COVID-19 « restent temporaires et non discriminatoires » et qu’elles respectent les obligations internationales en matière de droits humains. Les Etats-Unis ont annoncé une réduction draconienne du quota de réfugiés admis sur le territoire, pas plus de 15.000 personnes en 2021.

Honte d’être européen

Filippo Grandi a mis en garde contre les « lignes de pensée dangereuses » qui ont émergé dans certains pays, notamment « l’externalisation » de l’asile au-delà des frontières d’un pays. Le Haut-Commissaire a dit que cette approche pouvait « violer le droit international, mettre la vie des plus vulnérables en danger et constituer des précédents qui menacent l’asile ». Il a ajouté « qu’en tant qu’européen », il trouvait « honteux qu’il ait fallu plus d’un mois pour laisser débarquer seulement 27 personnes » du cargo Mearsk Etienne.

Maintien de l’accueil

Plus de 110 États ont trouvé des moyens de maintenir le fonctionnement des systèmes d’asile tout en prenant les précautions de santé publique nécessaires. Le chef du HCR a cité l’exemple de l’Ouganda qui, tout en accueillant déjà plus de 1,4 million de réfugiés, a néanmoins rouvert ses frontières pour permettre à 3.000 personnes fuyant la violence meurtrière des milices en République Démocratique du Congo de traverser et de trouver refuge. Le Canada s’établit comme le champion d’approches novatrices et de la réinstallation. En 2019, moins d’un quart de 1% des réfugiés dans le monde ont été réinstallé.

Augmentation des déplacements

Dans le contexte de l’augmentation des déplacements et du COVID-19, le chef du HCR a souligné que l’aide humanitaire ne pourrait suffire. Il est important que les personnes déplacées internes et les apatrides soient inclus dans les réponses nationales. Cela implique de leur fournir un accès aux services sociaux, de mettre en place de mesures de lutte contre l’insécurité alimentaire, mais aussi de reconnaître un droit à l’éducation et au travail. Le changement climatique constitue aussi une menace pour de nombreuses populations. A ce titre, Filippo Grandi a encouragé le développement de meilleures prévisions et analyses prédictives pour permettre des réponses ciblées efficaces.

Contributions financières

Le HCR a reçu 4,2 milliards de dollars en 2019. Pour le moment l’agence onusienne a réceptionné 52% du budget 2020 ainsi que 460 millions de dollars, conséquence de l’appel effectué pour faire face à la pandémie. Pour la première fois, la générosité de donateurs privés dépassera les 500 millions de dollars.