Une nouvelle étude de l’OMS met en évidence le risque de manque d’antirétroviraux en raison de la pandémie de COVID-19. L’Afrique subsaharienne pourrait être particulièrement affectée par la situation.
C’est à la veille de la conférence semestrielle de la Société Internationale du Sida (ISA), que 73 pays ont averti qu’ils risquaient de manquer de médicaments antirétroviraux (ARV) en raison de la pandémie de COVID-19. Certains pays (24) ont déclaré avoir un stock extrêmement bas ou des perturbations dans l’approvisionnement de ces médicaments vitaux. La pandémie de COVID-19 a lourdement perturbé la riposte au Sida et pourrait continuer sur sa lancée. L’Afrique subsaharienne est particulièrement affectée par la situation.
Afrique subsaharienne
En 2018, on estimait qu’en Afrique subsaharienne 25,7 millions de personnes vivaient avec le VIH et que 16,4 millions (64 %) étaient sous traitement antirétroviral. Ces personnes risquent aujourd’hui de voir leur traitement interrompu car les services de lutte contre le virus sont fermés ou dans l’incapacité de fournir des traitements antirétroviraux. Les perturbations dans la chaîne d’approvisionnement sont la conséquence des besoins d’appui à la riposte à la COVID-19. Une interruption de six mois d’un traitement antirétroviral pourrait entraîner, durant la période 2020-2021, plus de 500.000 décès supplémentaires dus à des maladies liées au sida, y compris la tuberculose. Ce revers ramènerait le taux de mortalité lié au Sida dans la région à celui de 2008. Une interruption, ne serait-ce que de 20 %, provoquerait 110.000 morts supplémentaires. Des efforts doivent être absolument déployés pour atténuer les effets de la perturbation des services de santé et de l’approvisionnement en fournitures sanitaires.
« La pandémie de COVID-19 ne doit pas être une excuse pour détourner les investissements de la lutte contre le VIH. Ces acquis remportés de haute lutte contre le sida risquent d’être sacrifiés au profit de la lutte contre la COVID-19, mais le droit à la santé signifie qu’aucune maladie ne doit être combattue aux dépens d’une autre. » Winnie Byanyima, Directrice exécutive de l’ONUSIDA
Impact sur la transmission mère-enfant
Les perturbations liées au coronavirus pourraient également inverser la tendance des progrès accomplis en matière de prévention de la transmission mère-enfant du VIH. Depuis 2010, les nouvelles infections par le VIH chez les enfants en Afrique subsaharienne ont diminué de 43 %, passant de 250.000 en 2010 à 140.000 en 2018. Si les problèmes ont lieu durant six mois, cela pourrait entraîner une augmentation considérable des nouvelles infections par le VIH chez les enfants, jusqu’à 37 % au Mozambique, 78 % au Malawi, 78 % au Zimbabwe et 104 % en Ouganda.